Réflexion sur la critique

J’ai lu dernièrement un post sur Facebook qui m’a choquée. Il a été rédigé par un homme, que je connais depuis plusieurs dizaines d’années, et concernait une chanteuse qui avait effectué une prestation dans une émission de téléréalité. Ce post était une critique vive qui m’a semblé être particulièrement dégradante, en tout cas une opinion déshonorante, destructrice.

Voilà l’effet que ce post m’a fait :

 

Pour moi les mots contenus sur ce post me semblaient particulièrement injustes.

Sur le coup j’ai réagi vivement en lui demandant « ça a l’air tellement bon de critiquer les autres ! Est-ce que au moins ça te rassure sur tes capacités ? »

Il va de soi que sur la page de cet homme, que j’appellerai « Michel » pour faciliter mon explication et préserver l’anonymat, il y a eu 2 ou 3 réponses bien désagréables, à mon encontre cette fois, auxquelles je n’ai pas répondu : trop négatif pour moi.

Alors j’ai saisi l’opportunité de mener une réflexion approfondie sur la critique.

 

1ère réflexion : où est passée la bienveillance ?

La chanteuse avait dû reculer passablement ses limites pour en arriver à chanter à la télé :

  • – Elle a dû travailler le chant, et tous ceux qui ont pris des cours de chant savent que c’est une discipline vraiment exigeante, qui demande un travail approfondi sur soi, dans son corps.
  • – Elle a dû apprendre à interpréter la chanson, et cela a dû lui demander un temps important.
  • – Elle a dû reculer ses limites pour réaliser son dossier et envoyer sa candidature à l’émission
  • – Elle a dû passer les castings qui ont permis sa sélection
  • – Et enfin se présenter le jour J et effectuer son interprétation.

Cela représente une somme de travail colossal. Et rien que pour ça cette personne méritait un minimum de bienveillance.

Or ce post contenait un message que j’ai ressenti comme étant un profond mépris. Comment quelqu’un, en 2020, qui a peut-être l’oreille musicale, peut se permettre de casser tant d’heures de travail, en 1 minute sur les réseaux sociaux, retranché derrière son écran d’ordinateur ?

Ça me rappelle une certaine époque :

 

2ème réflexion : la loi de cause à effet

Nous récoltons ce que nous semons. Donc en terme clair si je critique une personne, je dois m’attendre à être critiquée à mon tour.

Est-ce que j’ai envie d’être critiquée ? Si ma réponse est non, le bon sens me suggère de m’abstenir de critiquer les autres, car je n’ai aucune envie de faire aux autres ce que je n’aimerai pas qu’on me fasse.

 

 

3ème réflexion : la raison des critiques ?

Je me suis interrogée sur les raisons qui poussent les gens à critiquer ouvertement les autres, en général et aussi sur les réseaux sociaux. Et là je n’ai pas la réponse parce qu’il est possible bien sûr de ne pas aimer une prestation de chanteur ou musicien dans une émission de téléréalité. Tous les goûts sont dans la nature. Mais dans ce cas-là nous pouvons simplement dire que nous n’aimons pas.

Pourquoi ce besoin de salir ouvertement la personne sur Facebook ? ça m’échappe complètement. En tout cas ce qu’il est possible d’y voir c’est un manque d’indulgence, un manque de bienveillance, un manque de gentillesse et aussi de la frustration.

Je ne vois pas non plus comment des gens, en 2020, pensent se sentir valorisés en exprimant ce genre de réflexion destructrice. Parce que s’ils ne pensent pas se valoriser, à quoi peut bien servir ce genre de réflexion que je qualifie de consternante ?

 

 

4ème réflexion : la différence de l’autre

J’ai aussi découvert que j’ai eu la chance de comprendre, il y a plus de 20 ans, au cours de mes études de psychologie, que tous les êtres humains sont différents :

  • – Nous n’avons pas le même mode de pensée,
  • – ni les mêmes besoins affectifs,
  • – ni les mêmes besoins physiques,
  • – ni les mêmes envies,
  • – ni le même mode créatif
  • – ni la même façon de réaliser les choses
  • – nous ne nous sommes pas incarnés pour vivre les mêmes expériences
  • – pas plus que pour faire les mêmes découvertes
  • – ni apprendre les mêmes choses
  • – ni développer les mêmes qualités
  • – nous n’avons pas tous le même mode relationnel
  • – nous n’aspirons pas aux mêmes choses
  • – nous ne nous positionnons pas dans la vie de la même façon
  • – envers les autres non plus d’ailleurs
  • – nous ne nous sommes pas incarnés dans la même famille, qui a chacune sa propre histoire et ses propres défis à dépasser
  • – …

Conclusion : nous sommes tous extrêmement différents.

Face à cette différence nous pouvons nous positionner de deux façons :

  • – En rejetant cette différence : nous formulons des reproches, des jugements négatifs, des humiliations, des critiques… à l’autre, en direct ou dans son dos (sur les réseaux sociaux par exemple).
  • – En accueillant cette différence et en appréciant que l’autre apporte quelque chose que nous ne savons pas faire. Nous sommes bien sûr libre d’apprécier ou pas, mais ne pas apprécier ne signifie pas rejeter, et encore moins dévaloriser.

 

  • – Alors nous pouvons passer notre temps à critiquer l’autre : c’est la façon de se positionner qui est négative. Avec cette façon de faire il y a des perdants.
  • – Ou alors nous pouvons aussi, lorsque notre ouverture d’esprit est plus grande, apprécier la richesse de la diversité humaine. C’est la façon positive et constructive d’être en relation : tous gagnants.

 

5ème réflexion :

Tant que nous avons les yeux et la pensée rivée sur les choses que nous n’aimons pas chez l’autre, chez les autres, nous ne sommes pas disponibles pour regarder et apprécier les beautés de la vie. De ce fait nous ruminons des pensées d’insatisfaction, de mécontentement, de frustration, … Rien que de belles énergies négatives, ce qui rend impossible alors d’apprécier et de savourer la vie.

De mon point de vue, cela ressemble à du gâchis  : pourquoi vivre en se polluant consciemment la vie alors qu’il y a tant de belles expériences à vivre ?

 

Conclusion :

Avant de formuler une critique, vous pouvez prendre le temps de vous poser quelques questions, ça vous évitera de risquer de blesser quelqu’un, et ça vous permettra de découvrir des choses intéressantes de ce qui se passe en vous.

Voici le genre de réflexion possible :

  • – Qu’ai-je envie de lui reprocher à cette personne ?

Ex : dans le cas de la chanteuse, je lui reproche (c’est un exemple) de n’avoir pas sa place dans l’émission de télé

  • – Est-ce vraiment son attitude qui est en cause ?

Ex : j’ai l’oreille musicale et je suis navré de la médiocrité de sa prestation.

C’est donc bien moi qui suis navré. Je m’attendais à autre chose.

  • – Je peux me poser la question : qu’est-ce que j’attendais de cette émission ? (par exemple).

J’attendais  d’entendre des chanteurs qui ont une voix correspondant à un niveau vocal supérieur (par exemple).

  • – Alors qui est responsable de mon mécontentement : c’est la chanteuse ou mes attentes concernant l’émission ?

Je constate que mon niveau d’attente était élevé et qu’il n’a pas été satisfait. Donc ce sont mes attentes déçues qui sont responsables de mon mécontentement.

OK.

  • – Qu’est-ce que j’ai fait moi « Michel » pour dire à l’émission le niveau d’attente que j’avais ?

Rien.

  • – Donc la chanteuse est-elle vraiment en cause ? Ou est-ce ma frustration qui est la cause ?

Ma frustration

OK

  • – Donc la chanteuse méritait-elle que je la critique ouvertement sur Facebook, que je la démolisse ?

Non

  • – Qui puis-je critiquer ouvertement ?

Moi « Michel » qui ait attendu que l’autre satisfasse mes désirs sans que j’ai levé le petit doigt pour les exprimer

  • – De quoi suis-je en train de prendre conscience ?

En fait je me rends compte que je demande aux autres d’être médium et de satisfaire les besoins que j’ai sans que je prenne la peine de les formuler !!!

  • – Et si je suis mon raisonnement, qu’est-ce que je découvre ?

J’ai donc tous les droits de la démolir sur les réseaux sociaux ! Ce n’est que justice merde ! C’est quand même la chanteuse qui ne m’a pas apporté satisfaction ! J’ai donc pleinement le droit de lui formuler l’ampleur de mon mécontentement !

  • – Suis-je heureux avec ce genre de mode de fonctionnement ?

Non

  • – Comment puis-je m’y prendre la prochaine pour me donner les moyens d’être satisfait ?
    • > Je peux commencer par exprimer mes désirs et aussi lâcher mes attentes.
    • > Je peux aussi cesser de regarder cette émission
    • > Je peux commencer des cours de chant ou apprendre à jouer d’un instrument de musique, ce qui me permettra d’utiliser mon oreille musicale. Quand je serai dans l’apprentissage, je verrai à quel point cette discipline est difficile, et ça me passera l’envie de critiquer les autres. De plus ça occupera mon esprit vers du positif et ça me laissera moins de disponibilités pour critiquer.
    • > …

 

C’est un exemple de réflexion.

Il peut y avoir des multitudes de réponses, bien évidemment : une quantité infinie comme la variété des êtres humains.

Ce qu’il me semble important de dire, à ce niveau de ma réflexion, c’est que bien sûr chacun est libre d’écrire ce qu’il veut sur Internet TANT QU’IL Y A DU RESPECT  de la différence de l’autre!

Et je trouve que de nos jours, et ça n’engage que moi, le respect est une donnée qui fait souvent défaut.

 

Je prendrai le temps, dans quelques jours de rédiger la critique comme je l’ai fait pour les divers jeux de pouvoir dans mon livre « Sauve-qui-peut nos relations ! »

Effectivement je n’avais pas intégré la critique dans les jeux de pouvoir. Cette lacune  sera réparée très prochainement.

En tous cas je remercie « Michel » pour la belle réflexion qu’il m’a donné l’opportunité de mener.

Et je constate à la suite de cette réflexion, que c’est beaucoup plus agréable de se retirer en soi et s’accorder le temps de la réflexion, que de réagir à chaud avec les émotions négatives ressenties au départ.